LA TOLERANCE, LE PIVOT DE L’IDENTITE NATIONALE NEERLANDAISE
TABLE DES MATIERES
Qu’est-ce que la tolérance ?
- La tolérance autrefois
1) De tolerantie (la tolérance) / tolereren (tolérer)
2) Het gedoogbeleid (la politique de la tolérance) / gedogen (tolérer)
3) De verdraagzaamheid (la tolérance) / verdragen (tolérer) / verdraagzaam
- La tolérance contemporaine
1) La politique de la drogue – entre répression, tolérance et permissivité
2) L’euthanasie – un bien mortel
3) Les maisons closes – l’industrie du sexe
- Le revers de la médaille de la tolérance néerlandaise à travers les relations socio-humaines
1) Les implications de la libre-expression
2) La remise en cause de la société multiculturelle
Conclusion
Bibliographie
INTRODUCTION
Pour bien comprendre l’objet de ce projet, il est nécessaire de rappeler les trois constituants de l’identité néerlandaise : le calvinisme, la tolérance et le commerce. Il s’agit d’une culture de l’exactitude, de la rigueur et de la morale, une société dans laquelle ces trois caractéristiques sont indissociables les unes des autres.
On associe à l’identité des Pays-Bas le concept de « tolérance », l’identité d’un pays, étant ce qu’il le représente et le distingue des autres pays.
« Tolérance » vient du latin « tolerare » qui signifie « supporter ». C’est une notion qui définit le degré d’acceptation face à un élément contraire, à une règle morale, civile ou physique particulière. Plus généralement, elle définit la capacité d’un individu à accepter une chose avec laquelle il n’est pas d’accord. Par extension moderne, « la tolérance » représente l’attitude d’un individu face à ce qui est différent de ces propres valeurs. La tolérance définit les Pays-Bas puisque c’est elle qui a modelé la société. Peuple de commerçants, les Néerlandais ont eu besoin de s’adapter aux autres tout au long de l’histoire pour vendre leurs marchandises.
Quels sont les défis auxquels l’identité nationale néerlandaise se trouve aujourd’hui confrontée et comment évolue-t-elle au fil du temps ?
Composante essentielle de l’identité nationale, la tolérance a évolué au cours du temps, jusqu’à finir par être remise en question.
I. LA TOLERANCE AUTREFOIS
La société néerlandaise était une société de marchands qui ne pouvait être que tolérante et ouverte sur le monde car le principe même du marchand est fondé sur l’acceptation d’autrui.
Comme tout commerçant, le Néerlandais ne doit pas discriminer ses clients ; au contraire, plus il saura en avoir, plus il gagnera d’argent. Cette culture apporte aussi une certaine ouverture d’esprit, ouverture vers l’autre et ouverture vers l’extérieur.
Les aspects de la tolérance néerlandaise sont représentés par trois termes : « de tolerantie », « het gedoogbeleid » et « de verdraagzaamheid », impliquant trois acceptations différentes de cette notion. On pourrait ainsi traduire ces notions par « la tolérance charitable », « la tolérance de l’immoral » et « la tolérance noble ».
1) De tolerantie (la tolérance) / tolereren (tolérer)
Ces termes d’origine latine décrivent le fait de supporter, d’endurer avec patience un mal, mais cependant avec une connotation positive.
Pour Erasme de Rotterdam, le père fondateur de la tolérance néerlandaise, la tolérance est seulement une aptitude à supporter le mal ou les manifestations du malin (les tentations imposées par Satan à l’être humain, par exemple). Pour réaliser cela, il faut savoir faire preuve de « patientia » (patience) et de « charitas » (charité) ; ce dernier terme fait référence à l’amour du prochain qui, comme l‘écrit saint Paul, « ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal (…), excuse tout, croit tout, espère tout, tolère tout. » Mais pouvons-nous nous avancer plus avant et dire qu’un être tolérant dans sa vision est une personne naïve ? Même s’il affirme cela, Erasme n’était pas tolérant envers les non chrétiens, il était raciste, antisémite et misogyne. Sa politique de tolérance est basée sur le fait qu’il veut être un réconciliateur entre les chrétiens.
Aussi, cette forme de tolérance fait-elle référence au fait de supporter la présence à nos côtés des gens qui ne pensent pas comme nous, d’accepter les différences d’opinion ou de conviction. Même si on a des idées ou des convictions différentes, on doit respecter leurs opinions. Un exemple de ce type de tolérance est la pilarisation de la société néerlandaise entre les différentes familles politiques et religieuses, pilarisation qui engendre une stratification de la société au niveau des magasins fréquentés, ainsi qu’aux chaînes de télévision.
2) Het gedoogbeleid (la politique de la tolérance) / gedogen (tolérer)
Ces termes ont une connotation négative puisqu’il s’agit de tolérer une idée contraire à nos valeurs morales; c’est-à-dire fermer les yeux même si l’on sait que c’est mal. « Het gedoogbeleid » implique le fait de laisser passer certaines choses même si notre propre morale entre en opposition avec celles-ci. Ce type de tolérance se retrouve dans la politique sur la drogue. L’usage des drogues n’est pas autorisé, mais « gedogd » : en légalisant partiellement leur usage, leurs usagers ne vont plus les chercher chez un trafiquant.
Un autre terme lié à ce type de tolérance est « het gedogbeleid » (la politique de la tolérance), qui exprime la tolérance à partir d’un point de vue négatif et qui souligne l’attitude des autorités néerlandaises qui ne font pas preuve de courage politique, qui ne peuvent pas résoudre un problème. Cette politique de la tolérance est une façon pour les autorités de ne pas légiférer pour autoriser quelque chose (ex : les drogues, l’euthanasie, la prostitution).
Ce type de tolérance peut alors être vu comme un pas en arrière du fait des effets négatifs qu’il engendre sur les pratiques sociales. Ceci est problématique puisqu’il est difficile de déterminer quelles sont les valeurs tolérables et lesquelles ne le sont pas. Ainsi, faudrait-il avoir des valeurs communes prises pour des points de référence.
3) De verdraagzaamheid (la tolérance) / verdragen (tolérer) / verdraagzaam (tolérant)
Ce terme d’origine germanique signifie tolérer, supporter, endurer, souffrir, au sens noble du terme.
« Verdraagzaam » est quelqu’un qui est ouvert, tolérant dans le but éviter les conflits ou les guerres (= gezind tot het verdragen van zaken die ergernis of onenigheid zouden kunnen veroorzaken). Cette tolérance marque la recherche d’un équilibre social, de l’harmonie sociale. En bref, tout mettre en œuvre afin d’éviter les conflits. C’est une tolérance dont la ligne directrice est fondée sur le respect, il faudrait accepter l’autre jusqu’à ses différences par respect pour lui.
Ce terme, qui a une connotation positive, rejoint parfaitement le concept de tolérance selon les conceptions d’Erasme : tout faire pour réconcilier les chrétiens, en adoptant au besoin certains compromis.
Néanmoins, la tolérance néerlandaise du temps de la pilarisation a évolué pour devenir par la suite, un sujet de controverses dans le monde entier.
II. LA TOLERANCE CONTEMPORAINE
Si les Pays-Bas ont longtemps représenté un symbole de la tolérance au plan social, cette politique est depuis quelques années remise en cause par une partie de l’opinion publique et de la classe politique qui aspirent au retour des « normes et valeurs ». De nos jours, la tolérance ne se définit plus à partir des mêmes concepts et n’est plus aussi forte. On entend dire que les Pays-Bas sont tolérants, que tout y est permis, autorisé ou toléré. Mais la tolérance néerlandaise est-elle totalement permissive ? N’a-t-elle pas des limites ?
Pour mieux comprendre la tolérance néerlandaise contemporaine et ses nouvelles formes, nous allons justifier notre analyse au moyen d’exemples précis. Nous parlerons ainsi successivement de l’usage des stupéfiants, de l’euthanasie, et enfin des maisons closes.
1) La politique de la drogue – entre répression, tolérance et permissivité
Un trait récurrent et évoqué par tous lorsque l’on parle des Pays-Bas, est sans doute le fait qu’« en Hollande les drogues sont légalisées ». On parle souvent du libéralisme des Pays-Bas en matière de stupéfiants. Qu’en est-il vraiment ? Quels sont les effets d’une telle politique ?
Les Pays-Bas suivent, depuis près de vingt ans, une politique à l’égard des stupéfiants différente de celle des autres pays, tout en se situant dans un environnement européen de libre circulation des biens et des personnes. La dépénalisation de l’usage n’a pas entraîné une augmentation de la consommation chez les jeunes.
Les koffieshops, dans lesquels toute personne majeure peut se procurer et consommer jusqu’à 5 g de cannabis (malgré le fait que celle-ci puisse changer de koffieshop pour s’en procurer davantage), sont une figure emblématique de la tolérance. Un koffieshop bien assorti propose un choix de plusieurs sortes de marijuana, de haschisch et de nederwiet. Pour les jeunes, les koffiehops exercent la fonction sociale utile de tampon contre le milieu criminel des drogues dures. La question qui se pose actuellement est de savoir s’il ne faudrait pas légaliser l’approvisionnement des koffieshops en drogues douces.
Mais comment cette tolérance s’applique-t-elle à la politique des drogues sans être en contradiction avec les textes législatifs nationaux et les traités internationaux ?
En fait, la loi sur l’opium (Opiumwet) incrimine toutes les infractions prescrites par la Convention de 1988 sur le trafic illicite de stupéfiants. Mais les conventions internationales n’imposent aucune condition aux pays signataires quant à l’application pratique de leur législation, par respect pour les principes de souveraineté nationale. Bien que l’Union Européenne veuille freiner cette législation permissive, ceci n’est toujours pas à l’ordre du jour.
En effet, la consommation de drogues douces est tolérée si elle se fait de manière discrète, son achat se limitant à la stricte consommation personnelle. La culture, la vente et la consommation sont toujours interdites par la loi, et tout détenteur et consommateur (en dehors des koffieshop) risque, en théorie, une amende et mise en garde de vue. La politique néerlandaise a donc tendance à être de plus en plus « intolérante » envers la drogue et les toxicomanes.
Cette politique officielle de tolérance ne repose pas sur une attitude plus permissive, voire incitative, à l’égard de l’usage des drogues douces, mais sur la considération que, si l’on tolère à certaines conditions la vente de drogues douces, on empêche les jeunes de se tourner vers les drogues plus dangereuses. La politique néerlandaise des koffieshops se place, elle aussi, sous le signe de la recherche du moindre mal (harm reduction).
2) L’euthanasie – un remède mortel
Aux Pays-Bas, le mot « euthanasie » n’est employé que pour désigner les interventions médicales destinées à mettre fin à la vie d’une personne à sa demande expresse.
L’euthanasie est sans doute l’une des idées les plus discutées de la civilisation néerlandaise. Il est important de souligner le fait que les médecins ne sont pas obligés de donner suite à une demande d’euthanasie. Les deux tiers des demandes adressées aux médecins, et plus précisément aux médecins de famille, sont rejetées. Dans bien des cas, un traitement est encore possible, et il arrive aussi que la mort intervienne avant qu’une décision n’ait été prise. L’euthanasie ne constitue pas une infraction lorsque le médecin agit dans le respect des critères mentionnés dans l’article 293 du Code Pénal. L’absence de poursuites est soumise aussi au faire-part du médecin auprès du médecin légiste de la commune, lequel transmet ensuite l’information à une commission de contrôle spécialisée.
Il est assez difficile de comprendre la politique de l’euthanasie des Pays-Bas. En effet, le système de santé est accessible à tous, garantissant à chacun une couverture illimitée pour les soins palliatifs et ceux de phase terminale. Mais cela n’empêche en rien certains patients d’entrer en phase terminale et de ressentir leurs souffrances comme étant insupportables, et demandent alors à leur médecin l’interruption de leur vie. Depuis quelques temps, les malades incurables qui n’ont pas la possibilité de mourir à leur domicile peuvent aussi être accueillis dans des foyers de soins palliatifs.
Dans le cas de l’euthanasie, on ajoute au concept de tolérance la notion de droit, puisque cette pratique est encadrée juridiquement. En effet, on peut parler d’un système politique tolérant qui légalise cette pratique puisque inscrite dans l’article 293 du Code Pénal. L’Etat néerlandais fait preuve d’une souplesse législative qui n’existe pas dans les autres pays de l’Union européenne, hormis la Belgique.
3) Les maisons closes – l’industrie du sexe
La même souplesse législative s’applique aussi dans le cas de la prostitution, qui ne constitue pas une infraction. Aucun article du Code Pénal ne lui est consacré.
D’abord, il est important de mentionner que la prostitution n’a jamais été punissable aux Pays-Bas et ne l’est toujours pas aujourd’hui. L’interdiction générale qui touchait les maisons closes a été levée le 1er octobre 2000. C’est-à-dire que l’exploitation d’un établissement où travaillent volontairement des prostitué(e)s n’est plus interdite si l’exploitant est en possession d’une autorisation communale. Cette loi fait des Pays-Bas l’un des premiers pays où la prostitution des personnes majeures est considérée officiellement comme une forme de travail. Néanmoins, l’Etat néerlandais distingue prostitution libre, autorisée, de la prostitution forcée, punissable par la loi.
En conclusion, la politique néerlandaise en matière de prostitution vise en premier lieu à prévenir la traite des êtres humains. La levée de l’interdiction des maisons closes a dépénalisé la prostitution, considérée désormais comme un travail permettant aux prostitué(e)s d’obtenir les mêmes droits du travail et la même protection que les travailleurs dans d’autres secteurs. Donc, le meilleur moyen de lutter contre la violence sexuelle est d’améliorer la position sociale des femmes. Il est en effet plus facile de détecter d’éventuels abus dans un secteur considéré comme légal et donc, par nécessité, transparent, que dans un monde souterrain, fermé et criminalisé, d’autant plus qu’un grand nombre d’instances s’occupent des intérêts des prostitué(e)s, tels que : Mr. A. De Graaf Stichting, Soa Aids Nederland, De Rode Draad (Le fil rouge) et Stichting tegen Vrouwenhandel (Association contre la traite des femmes).
En légalisant ce qu’auparavant était seulement toléré, les Pays-Bas transforment la prostitution en un métier comme tout autre, ce qui permet de mieux contrôler les réseaux mafieux. Encore une fois, le système juridico-politique néerlandais se montre très permissif en légalisant ce que pour presque tous les autres pays européens (hormis l’Allemagne et la Belgique) est illégal.
Au cours du temps, la tolérance néerlandaise a effectivement évolué, s’est modifiée. Si au XVème siècle elle se rapportait surtout aux relations entre les individus, à l’heure d’aujourd’hui elle se définit plutôt à travers du rapport société-individus. La tolérance connaît ainsi des limites, voire même une remise en cause.
III. LE REVERS DE LA MEDAILLE DE LA TOLERANCE NEERLANDAISE A TRAVERS LES RELATIONS SOCIO-HUMAINES
Terre d’immigration de réfugiés politiques ou religieux, les Pays-Bas, considérés également le royaume de la tolérance, sont, à l’heure d’aujourd’hui, confrontés à des problèmes provoqués justement par ceux auxquels on a ouvert les portes auparavant.
1) Les implications de la libre-expression
A la tête du Parti du travail et homosexuel revendiquant son droit de l’être, Pym Fortuyn affirme que « Si j’avais les moyens légaux, alors je dirais : plus un seul musulman ne sera autorisé à entrer ». A sa mort, les Néerlandais se recueillent devant sa maison déclarent : « Ici, si on dit la vérité, on est immédiatement traité de raciste ou d’intolérant. Lui, il a osé parler, on l’a tué » et « Qui va encore oser se lever dans ce pays pour dénoncer ce qui va mal ? ».
On a remarqué un soulagement chez les Néerlandais lorsque la découverte de l’assassin a démontré qu’il ne s’agissait pas d’une personne issue de l’immigration marocaine ou turque, mais d’un défenseur blanc des droits des animaux.
Etat où la liberté de parole se veut appliquée, nous pouvons nous apercevoir qu’elle est remise en cause.
Et c’est justement à la recherche de cette liberté d’expression qu’Ayaan Hirsi Ali a quitté la Somalie, son pays natal pour s’installer aux Pays-Bas. En effet, de religion islamique, elle fait tout pour présenter le danger de cette religion. D’après elle, les musulmans sont arriérés à cause de l’islam, religion qui influence tous les aspects de la vie, tout en ayant au centre l’attitude passive Inch’Allah – si Dieu le veut », ce qui renvoie à la théorie de la prédestination.
De plus, elle remet en question la politique des Pays-Bas en ce qui concerne l’intégration des musulmans : « Je commençais à me rendre compte qu’aux Pays-bas on permettait aux musulmans de former un « pilier » de la société en ayant leurs propres écoles et leurs façons de vivre spécifiques, comme les catholiques et les juifs. » Avec tolérance, les musulmans peuvent s’organiser entre eux, en partant du principe que les immigrés doivent pouvoir se respecter eux-mêmes et que seul un fort sentiment d’appartenance à leur communauté le leur permette.
Bien que la politique néerlandaise relative aux immigrés soit souple, on s’aperçoit que l’auto ségrégation est poussée à l’extrême, puisque dans la plupart des quartiers d’immigrés, il y a même des individus qui font du porte-à-porte pour distribuer des cassettes, ou des boutiques qui vendent des livres sur « l’art et la manière de rester un bon musulman en terre infidèle » (Ayaan Hirsi Ali).
Par ailleurs, elle décide, avec le réalisateur Theo van Gogh, de se lancer dans la création d’un court-métrage, de 10 minutes, Submission, Part 1.Ainsi, s’intéressent-ils à la relation entre individu et islam, tout en sachant que l’homme doit à Dieu une soumission totale.
Le but était celui de choquer. En effet, mission accomplie, puisque sur le corps de l’actrice qui interprète une femme fouettée, on retrouve ces versets du Coran : « La femme est l’homme coupables d’adultère ou de fornication, punis-les chacun de cent coups de fouet ; et, ne sois point pris de pitié pour eux dans l’exécution de la loi de Dieu, si tu crois en Dieu et au Jour dernier ; et qu’un groupe de croyants assiste à leur punition. » (Chapitre 24, verset 2)
Suite à ce film, Theo van Gogh est assassiné par le Marocain Muhammad Bouyeri âgé de 26 ans, qui engendre ainsi un durcissement de la politique d’immigration néerlandaise.
2) La remise en cause de la société multiculturelle
Après la Seconde Guerre mondiale, les immigrants proviennent surtout de l’ancienne
colonie indonésienne. Puis, à partir du 1970, du Surinam et des Antilles néerlandaises, mais également de Turquie et Maroc. Les Pays-Bas, deviennent ainsi une véritable terre d’accueil pour tous les réfugiés. De plus, la tolérance néerlandaise envers le protestantisme attire également des réfugiés religeux.
Si les réfugiés protestants ont réussi à se plier aux règles régies par le pouvoir étatique, cela ne va pas de pair avec les immigrés, envers lesquels les Néerlandais deviennent de plus en plus méprisants. En effet, selon une enquête, l’assassinat de Theo van Gogh a rendu 47% des Néerlandais moins tolérants envers les musulmans.
Cet assassinat a déterminé la ministre de l’Immigration, Rita Verdonk, à introduire des examens de langue et civilisation néerlandaise pour les demandeurs du titre de séjour. Les examens auront lieu dans les ambassades et consulats néerlandais à l’étranger. Ils seront payants (350 euros), tout comme les livres, cassettes et CD-Roms de préparation. Les candidats doivent également répondre, au téléphone, à des questions permettant d’évaluer «leurs capacités d’adaptation à la vie néerlandaise». Et au bout du fil il y a un logiciel de reconnaissance vocale pour vérifier la véridicité de l’identité. Linguistes et défenseurs des droits de l’homme ont bien sûr critiqué la méthode, d’autant que les citoyens originaires de l’UE, d’Amérique du Nord, du Japon ou d’Australie sont exemptés. En effet, la loi est destinée à freiner désorùais l’immigration des Marocains et des Turcs.
Quant aux immigrés de moins de 65 ans installés de longue date aux Pays-Bas, mais qui y ont fait moins de huit années d’études, ils se voient désormais obligés de suivre des «cours d’intégration». Ceci concernerait aux Pays-Bas quelque 700 000 immigrés qui ne maîtriseraient pas la langue.
Par ailleurs, la ville d’Utrecht a inspiré à Rita Verdonk une autre idée. En effet, la quatrième ville du pays vient de supprimer les allocations-chômage aux femmes qui portent la burqa, ce vêtement islamique qui recouvre le corps entier, lors d’entretiens d’embauche. «On fait de notre mieux pour sortir les gens du chômage, explique Mostapha el-Filali, responsable de l’Intégration à la mairie. Alors, si ces femmes ne se donnent aucune chance d’en trouver, qu’elles en assument les conséquences !»
La politique d’immigration se durcit à cause des événements qui perturbent la société néerlandaise . En effet, la Cour d’appel de La Haye a prononcé le 24/01/2008 l’acquittement de sept membres du «groupe Hofstad», qui étaient poursuivis pour appartenance à une organisation terroriste.
Si dans le passé les Pays-Bas étaient considérés comme une mosaïque ethnique, ceci est actuellement en train de changer, à cause de la non-volonté des immigrés de s’intégrer dans les structures néerlandaises, et de leur nombre qui ne cesse d’augmenter. En effet, selon une étude gouvernementale, en 2010, les quatre principales villes, Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht, auront une population à majorité musulmane.
CONCLUSION
Nous voici donc à la fin de ce projet dont le but a été celui d’expliquer la notion de tolérance aux Pays-Bas et son évolution dans le temps.. Nous avons donc pu comprendre le fait que la tolérance « à la Néerlandaise » n’est pas qu’un simple syntagme, mais bien plus que ça, c’est l’identité du pays.
En fonction des pays, des cultures et des civilisations, on n’attribue pas aux Pays-Bas le même degré de tolérance, chacun ayant sa propre idée vis-à-vis de la tolérance. Par exemple, la tolérance d’Erasme de Rotterdam n’a rien à voir avec la tolérance d’aujourd’hui. Si avant la tolérance signifiait respecter l’autre (de tolerantie), éviter les conflits (de verdraagzaamheid) ou bien fermer les yeux, tolérer de façon provisoire (het gedoogbeleid), de nos jours la tolérance a pris une signification disons plus « moderne » et « ouverte », ce qui nous amène à nous questionner sur la véritable définition de la tolérance.
La tolérance « à la néerlandaise » est un facteur très puissant dans la vie d’aujourd’hui. C’est même, pourrait-on dire, un atout, car, comme nous l’avons déjà vu, la légalisation de certaines pratiques « interdites » entraîne une amélioration du niveau de vie. Néanmoins, si en ce qui concerne les pratiques sociales les Néerlandais se disent « tolérants », les élites intellectuelles commencent à traiter de plus en plus de l’incapacité d’intégration des immigrés musulmans, et ceci grâce à la libre-expression qui caractérise les Pays-Bas. Ceci nous amène donc à une remise en cause de la tolérance.
En conclusion, la vraie tolérance des Pays-Bas est celle du temps de la pilarisation (les catholiques, les protestants, les socialistes, les libéraux), quand les quatre familles de pensée cohabitaient sans se fréquenter.
Nous pourrions néanmoins nous demander si les élites intellectuelles néerlandaises auraient les ressources et l’imagination nécessaires pour créer une identité néerlandaise compatible avec celle européenne, une identité adaptée aux enjeux européens. On peut soulever cette question d’autant plus que la presse européenne s’étonne parfois de la cohabitation entre les identités homosexuelles, les minorités étrangères et les extrémistes de droite.
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Ayaan Hirsi Ali, Insoumise, éd. Robert Laffont, 2005
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